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Rudy Goubet Bodart

L'Inconscient n'offre aucune échappatoire à celui qui se présente comme victime de son histoire.

Mon message qui me revient sous sa forme inversée, il me défie de me tenir responsable à l'endroit même où je dis : " C'est de sa faute. " ou " Ce n'est pas ce que j'ai voulu. "

L'erreur de bonne foi étant de toutes la plus impardonnable.

Il s'agit alors d'entretenir la plus stricte relation à la Vérité - qui n'est pas la récompense d'une quête patiente mais le tissu de mon étoffe.

Toute lâcheté à cet endroit se paie en monnaie de souffrance : symptômes incompréhensibles et aussi innombrables qu'incontournables.

Le manque dans l'Autre, sa faille, son inconsistance - peu importe la façon dont j'en fais l'expérience - doit être pour moi l'indice d'un possible aperçu de son insaisissable inexistence.

C'est au cœur de cette incise du manque dans l'Autre - qui n'est autre que la doublure du mien propre - que le pardon peut trouver à se loger.

Le pardon n'est pas un acte noble ou charitable. Je n'en retire aucune gloire et ne le commets pas pour le Bien supposé de l'Autre.

Au contraire, il est ig-noble, dé-charitable, me dépouille de ce qui me reste de narcissisme face au désir de l'Autre.

Acte d'amour dans ce qu'il a de plus pur, il annule les coordonnées de ce qui constituait jusqu'alors ma réalité et me libère face à l'énigme angoissante du désir de l'Autre : " Que me veut-il ? ", " Comment me veut-il ? "

Il n'est pas ce à quoi je parviens à force de volonté mais ce qui s'impose à moi.

En ce sens, il correspond parfaitement à l'impératif Kantien : " Tu peux parce que tu dois. "

Rudy Goubet Bodart

La Cité connait en sa périphérie un lieu et un temps où l'ordre des mots n'est plus régi par ses lois.

Une invitation sous forme d'une lettre que l'on s'envoie comme pour apprendre à lire son implacable logique qui maîtrise le désordre de notre existence.

Les Maîtres-Mots de notre vie ne nous y étranglent pas, mais y sont par la gorge déployés.

S'entendre dire de quoi nous sommes faits a cette étrange faculté de nous libérer.

Un lien social inédit et inouï tissé par une fraternité indéfectible et discrète qui place en son cœur la vérité insue du désir.

Un temps, un lieu où le dit secourt puisque le dire secoue.

Rudy Goubet Bodart

A la suite de Jacques Lacan nous pouvons relire Etienne de la Boétie et parler de la servitude volontaire en terme de positionnement dans tel ou tel type de discours.

Le discours courant et hégémonique n'est fondé sur aucun impossible, voilà pourquoi il ne préfigure aucun lien social.

Il nous fait croire que nous nous servons nous-même à travers lui alors que nous ne faisons que concourir à sa perpétuation.

Nous nous sentons quotidiennement libres au sein du strict paradigme qu'il nous offre, c'est-à-dire à mesure au nous servons le Marché.

Nous nous sentons alors libres précisément à l'endroit où nous sommes les plus cerfs. Rien de plus ingénieux n'a jamais été inventé.

La plus grande des servitudes est celle qui consiste à nous imaginer totalement désaliénés.

A l'inverse, c'est lorsque que nous abandonnons ce que nous imaginons comme étant notre liberté pour nous mettre au service d'une cause, c'est-à-dire d'un discours structuré autour d'un impossible, que nous sommes paradoxalement libres.

En étant au service de ce type de discours, nous sommes donc forcés d'être libres en énonçant : " Je sers ce discours. " préfigurant un type de lien social. C'est donc en assumant ma servitude, mon aliénation que j'exerce ma liberté.

Le Maître devient superflu au moment où l'Esclave consent à le servir.

C'est comme lorsque je suis amoureux. L'amour est cette force qui me contraint, qui me tient et servir l'autre ne se fait alors jamais aux dépends de ma liberté mais en est la manifestation même.

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